BOOGALOO DOWN BROADWAY

The Fantastic Johnny C.

Johnny Corley est né en 43 en Caroline du Sud, et commence ses armes dans les choeurs d’une église baptiste en Pennsylvanie. Et c’est en 1967 qu’un producteur indépendant, Jesse James, le convaincra de laisser la musique sacrée qu’est le gospel pour plonger dans les affres du rhythm’n’blues, en enregistrant d’entrée ce qui restera son meilleur titre “Boogaloo Down Broadway”, parfait hit des pistes de danse, dans la lignée du “Funky Broadway” de Dyke & the Blazers. Un boogaloo sauvage avec un riff de guitare bien tranchant, une partie de cuivres mélodique superbe, un vibraphone judicieux, des breaks impeccables. Et le succès explose d’entrée, 5e dans les charts R&B, il rentre même dans les charts pop et atteint la 7e place. London rds sort le single en licence en Angleterre où il fait une carrière honorable. La face B de cet incroyable single, “Look what love can make you do”, est tout simplement la même bande son avec des paroles différentes.

Il serait injuste de parler du Fantastic Johnny C sans parler de son manager, producteur et compositeur Jesse James, celui là même qui ecrivit ces deux premiers titres et lui trouva son nom de scène. Producteur du label indépendant de Philadelphy, Phil-LA of Soul, Jesse James fit sa specialité de transformer d’excellents chanteurs gospel en de lubriques chanteurs de rhytm’n’blues, il renouera quelques mois plus tard avec un succès national grâce à un de ses instrumentaux “The Horse” enregistré cette fois sous le nom de Cliff Nobles. Cliff Nobles, en fait un chanteur découvert par J James dans la même église que Johnny C , avait enregistré “Love is allright” avec en face B “the Horse”, un instrumental. Le titre chanté fut un bide total, mais la face B, grâce aux DJ radio, atteignit les sommets. Jesse James fit aussi une carrière en pointillés et discrète comme chanteur, allant du meilleur (“Home at last” sur Zea rds) au pire (du nothern soul très commun comme ‘Love is all right”). Parfait touche à tout, il était un compositeur de talent, aussi un découvreur de talents, dirigeait les enregistrements et conduisait le backing band du label.
Côté Johnny C, ça stagne, les singles suivants ne monteront pas, même si artistiquement, ils tiennent la route. “Get what you need” n’atteint pas le degré d’excitation provoqué par le “Boogaloo Down Broadway”, mais on y reconnait bien la patte des James Boys (le backing band qui l’accompagne et enregistre pour le label dans le studio de Franck Virtue... ils deviendront MFSB, un groupe phare du Philly sound des 70’s), guitare, cuivres, et toujours cette superbe voix à la Wilson Pickett. En août 68 il renoue avec le succès une dernière fois avec un autre dance hit uptempo “Hitch it to the horse” (9è dans les charts R&B), suite vocale à l’instru de Nobles “The Horse”, sorti toujours sur Phil-La of Soul, relayé en Europe par London.

En 1968, sortait aussi son premier album “Boogaloo Down Broadway” : 12 titres mélangeant originaux signés James et covers. On regrette un peu le manque d’originalité dans le choix des reprises,“Barefootin”, “Land of 1000 dances”, “Stand by me”, mais l’ensemble tient la route et l’album est plutôt réussi sans le déferlement habituel de ballades sirupeuses et commerciales, très fort pour un album de soul en 1968 ! Et puis Johnny C et Jesse James nous offrent deux nouvelles perles, en plus de “Boogaloo D. B.” et “Got what you need” déjà parus en simples, “Cool Broadway” et “New Love” (chanté en duo) et se permettent de belles versions de “Shout Bamalama” (Otis Redding repris sur le dernier Detroit Cobras), “Warm & tender love” (une ballade soul pas chiante reprise aussi par Percy Sledge), ou “The Bounce” des Olympics. Ce sera son unique album, une rareté introuvable qui atteindra des prix prohibitifs sur le marché des collectionneurs. Il se verra enfin réédité en CD sur Jam Guy rds en 98 .

En 1970, Johnny C change de label pour Kama Sutra. Il y enregistre “You’ve got your hooks in me” et “Good Love”, pour la première fois sans Jesse James, et ce sera un long passage à vide jusqu’en 73 où il renoue avec Phil LA of Soul et son backing band. Le Philly Sound est en plein boom, et son single “Waiting for the rain” ne passe pas inaperçu, étant même considéré par les spécialistes comme l’un des premiers singles Disco, mais quelle daube ! L’histoire s’arrète là et on préfèrera se souvenir de ses flamboyants débuts et de ces deux singles magnifiques que sont “Boogaloo Down Broadway” et “ “Hitch it to the horse”.

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